L’Éthiopie est le berceau du café, cette boisson universelle que nous consommons quotidiennement. La culture du café en Éthiopie remonte à des siècles et est profondément ancrée dans la vie et les traditions locales. Découvrons ensemble les racines et les rituels qui entourent ce précieux nectar, ainsi que son impact sur l’économie et la culture éthiopiennes.
Origines du café en Éthiopie
La découverte du café est attribuée à un berger éthiopien nommé Kaldi, qui aurait remarqué l’effet tonifiant des cerises de café sur ses chèvres. Les premières traces écrites concernant la consommation de café datent du Xème siècle et proviennent également d’Éthiopie.
Il existe en Éthiopie une grande variété de caféiers, dont certains sont endémiques. Le climat équatorial et les sols fertiles offrent des conditions idéales pour leur croissance. Parmi eux, on retrouve notamment le Coffea arabica, le Coffea canephora (aussi appelé Robusta) et le Coffea liberica.
Le Coffea arabica : le roi du café éthiopien
Le Coffea arabica représente environ 60 % de la production mondiale de café. Il est originaire des hauts plateaux éthiopiens, où il pousse à l’état sauvage. Il se caractérise par un goût légèrement acidulé et une faible teneur en caféine. Ses graines sont réputées pour donner un café de grande qualité, avec des arômes complexes et variés. En Éthiopie, les principales régions productrices de café arabica sont : Sidamo, Yirgacheffe, Harrar, Djimmah et Lekempti.
La production du café éthiopien
L’Éthiopie est le cinquième plus grand producteur de café au monde. Selon la Banque mondiale, le secteur caféier représente environ 3 % du PIB national et près de 25 % des revenus d’exportation du pays. La culture du café emploie également une large partie de la population rurale éthiopienne.
En Éthiopie, la production de café est essentiellement artisanale et traditionnelle. Les méthodes de culture, de récolte et de transformation sont transmises de génération en génération et respectent l’environnement. De nombreux cultivateurs continuent de pratiquer l’agroforesterie, c’est-à-dire qu’ils cultivent leurs caféiers sous l’ombre protectrice d’autres arbres, dans un souci de préservation de la biodiversité locale.
Les méthodes de traitement du café éthiopien
Il existe deux principales méthodes de traitement du café en Éthiopie : la méthode humide et la méthode sèche.
La méthode humide, également appelée « voie humide », consiste à retirer la pulpe des cerises de café, puis à fermenter les graines pour éliminer le mucilage qui les recouvre. Les grains sont ensuite lavés et séchés au soleil. Ce procédé permet d’obtenir un café avec des arômes plus fruités et une meilleure conservation.
La méthode sèche, ou « voie sèche », consiste à faire sécher les cerises de café entières au soleil pendant plusieurs semaines. Une fois que les cerises sont bien sèches, elles sont décortiquées pour séparer les grains de la pulpe et du parchemin. Cette méthode est plus simple, mais elle peut altérer la qualité du café si les cerises ne sont pas correctement triées et surveillées durant le séchage.
Le rituel du café éthiopien
En Éthiopie, boire du café est bien plus qu’une simple action quotidienne, c’est un véritable rituel social et culturel qui réunit famille, amis et voisins. Il est traditionnellement pratiqué par les femmes, qui sont chargées de préparer et servir le café aux invités.
Les étapes du rituel du café éthiopien
Le rituel commence par la torréfaction des grains de café verts sur une plaque chauffante. Une fois qu’ils ont atteint une belle couleur brune et dégagent une agréable odeur, les grains sont écrasés à l’aide d’un mortier et d’un pilon. La mouture ainsi obtenue est ensuite placée dans une jebena, une cafetière traditionnelle en terre cuite.
De l’eau bouillante est versée sur la mouture de café dans la jebena, qui est ensuite posée sur un petit réchaud pour maintenir l’eau chaude. Pendant ce temps, des tasses appelées finjal sont préparées sur un plateau, avec parfois des petits gâteaux ou du pop-corn pour accompagner le café. Une fois que le café est prêt, il est filtré et versé dans les finjals.
Le rituel du café se déroule généralement en trois rounds successifs : le abol, le tôna et le bâraka. Chaque round correspond à une nouvelle infusion des mêmes grains de café. Il est courant d’ajouter du sucre, du sel ou encore du beurre clarifié au café pour en modifier le goût selon les préférences.
L’avenir du café éthiopien face aux défis environnementaux et économiques
Le changement climatique représente l’une des principales menaces pour la production de café en Éthiopie. Les variations de température et les épisodes de sécheresse affectent les rendements et la qualité des grains, tout en favorisant l’apparition de maladies et de parasites.
Par ailleurs, l’essor du marché international du café incite certains producteurs éthiopiens à privilégier les cultures intensives et les variétés de café plus résistantes, mais moins savoureuses. Cela peut conduire à une perte de la diversité génétique des caféiers et à une standardisation de la qualité du café éthiopien.
Néanmoins, l’engouement pour le commerce équitable et les certifications environnementales permet de valoriser les méthodes traditionnelles de production et d’encourager une gestion durable des ressources naturelles. De plus en plus de consommateurs sont prêts à payer un prix plus élevé pour un café éthiopien authentique et respectueux de l’environnement.