Il est trop fréquent d’associer une relation dysfonctionnelle avec la nourriture à la manifestation de troubles alimentaires tels que l’anorexie ou la boulimie. Cependant, d’après le Docteur Sophie Mort, psychologue spécialisée dans le secteur de la santé mentale chez Headspace, elle nous rappelle que « pour un grand nombre d’entre nous, le lien malsain avec l’alimentation est en réalité beaucoup plus nuancé que les troubles du comportement alimentaire régulièrement décrits dans les médias ou que l’on pourrait avoir soi-même expérimentés ».
Quand la nourriture devient un rapport conflictuel: nuances subtiles d’une diète malsaine
S’il est commun d’associer malencontreusement la nourriture à un sentiment de culpabilité – un élément à maîtriser ou un plaisir à limiter, cela révèle souvent une mauvaise relation avec cette dernière. Cette discordance se reflète généralement dans l’ignorance des signaux de faim du corps », affirme notre interlocuteur dans une interview accordée à Vogue. Il poursuit : « Il peut s’agir d’un petit démon intérieur qui se manifeste à chaque fois que vous pensez à manger, vous culpabilisant d’avoir envie d’un certain mets, puis vous critiquant sévèrement au cas où vous succombez à cette envie. »
Au Royaume-Uni, entre 1,25 et 3,4 millions d’individus sont victimes de troubles du comportement alimentaire, sans compter ceux qui entretiennent un rapport négatif avec la nourriture. Charlotte Faure Green, nutritionniste diplômée BANT, conférencière et auteure, indique à Vogue que cela peut se manifester par « une obsession pour le comptage des calories, une peur irrationnelle d’une prise de poids ou d’un impact négatif sur la santé qui conduit à éliminer certaines catégories d’aliments, des épisodes de boulimie lors de périodes de stress ou de baisse de moral, et l’alimentation secrète ».
Voici d’autres indicateurs d’un rapport biaisé avec la nourriture: « le refus d’occasions sociales par crainte de ne pouvoir maîtriser son alimentation ; des pensées invasives autour de la nourriture et de son organisation ; et une tendance à l’exercice compulsif visant à « compenser » une alimentation jugée malsaine. » Il se pourrait aussi que vous négligiez les signaux de faim, que vous « épargniez » des calories afin d’en consommer plus tard, ou que vous vous astreigniez à des auto-évaluations corporelles fréquentes.
Quels facteurs favorisent l’instauration de rapports problématiques à l’alimentation ?
Il apparaît que les célébrités et les réseaux sociaux exercent une influence prépondérante dans la formation de ces relations dysfonctionnelles avec la nourriture, surtout à l’ère des influenceurs et du contrôle médiatique accru. « Dans notre société actuelle, largement immergée dans le flux constant des médias, il est pratiquement inenvisageable d’échapper à la tyrannie de la culture diététique, alors que cette industrie promeut sciemment des rapports malsains entre les individus et leur alimentation », soutient Charlotte Faure Green. « Les vedettes et les influenceurs inondent TikTok ou Instagram de contenus esthétiques, se positionnent comme des gourous du bien-être en partageant leurs séances d’entraînement aux aurores, leurs régimes hypocaloriques et leurs vidéos ‘Ce que je mange en une journée’. Or, sous ce vernis, ils nourrissent en réalité les facettes délétères de la culture diététique, tout en occultant ses effets dévastateurs ».
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Mme Green met en lumière le principe de « preuve sociale », où, sans même en avoir conscience, les spectateurs sont tentés de copier ces femmes qui semblent si « bien dans leur peau », en associant leur wellbeing à leurs habitudes alimentaires et à leur image corporelle.
Les pratiques des « almond moms« , peuvent également influencer notre santé mentale ainsi que la manière dont nous percevons notre rapport à l’alimentation depuis notre jeune âge. Ce terme émane d’un épisode de 2013 de l’émission The Real Housewives of Beverly Hills, lors duquel la top-model Gigi Hadid, adolescente à l’époque, reçoit l’instruction de sa mère Yolanda de manger une amande pour éteindre les signaux de faim et éviter toute sensation de faiblesse. « L’atmosphère familiale durant nos années formatrices a une incidence majeure sur la manière dont nous appréhendons notre rapport à la nourriture à l’âge adulte », précise Charlotte Faure Green. « Nombreux sont ceux qui ont grandi alors que leurs mères suivaient des régimes en dents de scie, ne cessant de dénigrer leur propre image et celle d’autrui, y compris peut-être celle de leurs propres enfants. Par conséquent, nous avons absorbé leurs attitudes dévalorisantes envers l’alimentation et l’image de soi, associant inconsciemment la nourriture à la culpabilité ».
Heureusement, des solutions simples existent pour rectifier ces associations négatives avec la nourriture une fois qu’elles ont été établies et intériorisées. C’est ce sur quoi se penche Vogue.
Optimisez le rendement de vos plateformes sociales
L’experte en gestion du stress et de l’anxiété, Charlotte Faure Green, recommande fortement de désabonner les profils qui prônent des standards de beauté irréalisables et qui promeuvent des régimes alimentaires nuisibles. « Vous vous êtes peut-être habitué à leur présence depuis des lustres et leurs pratiques vous semblent être la norme, avance-t-elle. Cependant, une introspection approfondie sur le type de contenu que vous consommez intégralement chaque fois que vous accédez à ces applications sur votre mobile pourrait avoir un effet libérateur formidable. »
Gommez de votre téléphone les applications de gestion calorique
Elle préconise également de supprimer toutes les applications susceptibles d’engendrer des comportements délétères. « L’analyse calorique peut engendrer un rapport malsain à la nourriture en le réduisant à une équation numérique, or toutes les calories n’ont pas la même valeur ! La priorité devrait être accordée à la qualité, au bien-être et à la notion de nutrition plutôt qu’à la quantité. » Le décompte des calories peut aussi mener à des « obsessions alimentaires, à une surveillance de soi incessante et à des sensations de culpabilité ou de défaite lorsque la limite calorique quotidienne est dépassée. Il dissuade également l’écoute des signaux corporels de faim et de satiété.
L’art de pratiquer une alimentation en pleine conscience
Charlotte Faure Green soutient fermement qu’ »une élimination complète d’une catégorie d’aliments n’est pas nécessaire, sauf dans les situations où l’allergie ou l’intolérance alimentaire est manifeste. Elle met en garde contre le risque potentiel de déficits nutritionnels ». Par ailleurs, l’éminente Dr Sophie Mort conseille avec vivacité de se tourner vers une approche alimentaire davantage consciente, une méthode permettant « un rapprochement à nos signaux internes de notre corps ». Comme elle l’éclaire brillamment : « La pleine conscience noue un lien entre nous et nos pensées, nos émotions et instaure une distance réfléchie entre nous et ces dernières. Grâce à cette perspective éclairée, nous sommes en mesure de faire des choix alimentaires réfléchis, de déterminer réellement ce que nous voulons manger, quand le faire, multipliant ainsi nos chances de calibrer nos comportements alimentaires avec les besoins réels de notre organisme. »
Adopter des stratégies d’adaptation adéquates
Identifiez des alternatives pour faire face au stress sans recourir à la nourriture. Charlotte Faure Green encourage à développer diverses tactiques pour surmonter le stress, incluant la méditation, l’activité physique, le crochet, ou même quelques options originales telles que les bains de glace. Il s’agit en somme de toute activité qui résonne chez vous et permet d’alimenter votre sérénité intérieure. De son côté, la Dr Sophie Mort propose d’autres pistes, comme les exercices de respiration. Nonobstant, elle mentionne également des activités plus basiques, comme l’envoi d’un texto à un proche, une courte balade ou un temps de jeu avec votre compagnon à quatre pattes.
Interrogez-vous sur votre rapport à l’alimentation
Il est crucial d’explorer vos comportements alimentaires et de scruter à la loupe votre lien avec l’alimentation. Le Dr Sophie Mort, spécialiste de la question, conseille vivement de s’interroger ainsi : « Quels sont les moments où vous mangez ? Qu’est-ce qui motive votre appétit à ce moment précis ? Ressentez-vous une réelle faim ? Ou votre envie de manger est-elle déclenchée par autre chose, comme une vague de solitude, un passage d’ennui, ou un accès de stress ? » Elle insiste également sur la nécessité d’examiner les convictions que vous entretenez vis-à-vis de certains aliments. Y a-t-il des aliments qui vous semblent nocifs ? Qui provoquent en vous un sentiment de culpabilité ? Comme le souligne le Dr Mort, « il n’y a ni bonnes, ni mauvaises réponses à ces questions. » « Notre but est simplement d’établir un pont vers votre vécu intérieur en relation avec l’alimentation. »
S’épanouir dans les aléas culinaires: une nouvelle façon d’explorer la nourriture
« De façon générale, notre rapport à la nourriture se résume trop souvent à combler un besoin énergétique pour parcourir notre journée. Or, lorsque nous parvenons à y injecter un soupçon d’enthousiasme, notre perception de l’alimentation se métamorphose de façon spectaculaire », souligne avec éloquence la Dre Sophie Mort. Un changement de paradigme qu’elle encourage à adopter et qui passe, selon elle, par une immersion ludique dans l’univers culinaire. Pour ce faire, elle conseille de prendre part à un atelier de cuisine, d’ouvrir les pages d’un livre de recettes à faire pâlir de jalousie les plus grands chefs, ou même de partager un moment convivial en cuisine entre amis, guidés par les directives culinaires de leur chef ou influenceur gastronomique préféré. « C’est véritablement un canal privilégié pour approfondir notre relation à la nourriture – décrypter ce qui est bénéfique pour notre organisme et pourquoi, et aussi découvrir comment sublimer l’alimentation dans un cadre ludique”, argumente-t-elle avec un plaisir non dissimulé.
Approfondissez l’auto-compassion
Au début du texte, prenons conscience que notre rapport parfois conflictuel avec la nourriture et notre propre image corporelle n’est en aucun cas la conséquence de nos propres actions; en d’autres termes, nul besoin de culpabiliser. Comme le déclare avec acuité le Dr Sophie Mort, notre relation à l’alimentation est loin d’être simpliste ; elle constitue un savoureux mélange de nutrition, certes, mais également d’éléments culturels, de rituels ancestraux et de liens tissés au fil du temps.Pour illustrer son propos, elle nous fait remarquer que depuis notre tendre enfance, la nourriture est synonyme de réjouissance mais aussi de réconfort. Les occasions de festivités, comme les anniversaires, sont inévitablement associées à une profusion de mets délicieux, tandis que les moments de détresse sont souvent apaisés avec de petites douceurs, à l’image des récompenses sucrées que l’on reçoit après avoir été vacciné.En outre, elle nous rappelle que nous évoluons dans une société où le rapport à la nourriture est empreint de contradictions, une société qui est également imprégnée d’une incessante culture du régime alimentaire.Dans ce contexte difficile, la coach Charlotte Faure Green, vous incite à « vous remplir de bienveillance et de comprehension ». Comment? Mme Green suggère par exemple de décorer le miroir de votre salle de bain avec une éloquente série d’affirmations positives ou de vous remémorer constamment vos traits de caractère remarquables et uniques. Ainsi, elle vous exhorte à vous traiter avec la même indulgence et le même respect que vous réserveriez à un être cher, et à cultiver une véritable auto-compassion.
Il est essentiel de vous entourer de soutien et d’envisager un accompagnement professionnel
N’hésitez pas à rallier vos proches, vos amis ou des groupes de soutien qui sauront vous encourager et faire preuve de sollicitude lorsque vous traversez des moments difficiles. Si la situation semble particulièrement ardue, pensez à solliciter une assistance professionnelle. Comme le suggère Charlotte Faure Green, « N’hésitez pas à confier vos appréhensions à votre médecin traitant en première instance. » Un spécialiste comme un thérapeute ou un nutritionniste spécialisé dans les troubles alimentaires et les problématiques d’image corporelle peut vous aider à cibler l’origine de vos problèmes de perception alimentaire. Il faut cependant prendre avec précaution les comptes de soutien sur Instagram. En effet, « une masse d’information erronée et non officielle circule, et il faut garder à l’esprit que chaque cas est unique et particulier. »